“Qu’est-ce que l’ A(a)utre ?” En collaboration avec Analyse Freudienne, Paris
Qu’est ce que l’ A(a)utre ?
Comment considérer aujourd’hui ce qui fait “différence” ?
Les nouvelles articulations sexuées ont fait reprendre les rapports des uns et des autres selon leurs identifications, les discours complotistes viennent remettre en question le discours de la science, enfin le discours analytique serait-il à même de préciser ce qu’il en est de la question de l’Autre, des autres, de l’altérité ou encore de l’hétérogène?
Ceci, lorsque le discours social peut différencier certains types d’autres: les uns inacceptables comme réfugiés, les autres acceptables lorsqu’ils arrivent de certains pays ?
On peut donc dire que le temps où l’autre existait est révolu; la négativité de l’autre n’aurait-elle pas laissé la place à la positivité de l’identique?
Une nouvelle violence se fait donc jour: celle de la prolifération de l’identique invisible en raison de sa positivité.
Bien sûr comme toujours, c’est le corps qui prend le relais de l’intégration de l’autre comme ‘inquiétante étrangeté’ en ramenant à chacun la nécessité de paraitre identique.
On accumule les ‘friends’ et les ‘followers’ afin de rester toujours identique à soi-même. Il s’agit bien en fait d’éliminer l’étrangeté, l’étrange à nous-mêmes.
De nos jours, le corps est ramené au rang d’objet fonctionnel qu’il s’agit d’optimiser, par conséquent dans cet enfer de l’identique le désir de l’autre est-il encore possible?
Ainsi, « ce qui est obscène c’est l’accouplement du même au même »[1].
Il n’y a donc plus d’étrangers qui pourraient nous faire peur ou nous angoisser puisqu’ils ont été requalifiés en terme de ‘diversité’, terme qui entraine que migrants et réfugiés ne soient plus considérés que comme une charge.
En effet la diversité n’admet que des différences conformes au système. Ce dernier devient dès lors consommable.
La diversité a donc remplacé l’altérité.
Que devient donc l’irréductible singularité de l’acte, et en quoi les ‘quelques autres’ auxquels nous nous référons sans cesse peuvent-ils être d’un grand secours?
La jouissance, les jouissances de l’Autre auraient-elles cédé sur l’autel du discours capitaliste?
L’objet a, sa seule invention selon Lacan[2], serait-il devenu caduc?
De son côté Freud rappelait « La libido narcissique ne peut plus alors retrouver le chemin qui conduit aux objets et c’est cette restriction de la mobilité de la libido qui devient pathogène »[3].
Ne constatons nous pas pourtant un retour à ce ON social qui avait été perdu peu à peu dans la structuration même du corps du nourrisson qui, par étapes successives, faisait de l’Autre, sa mère, un objet différent de son propre corps?
Enfin pourrait-on formuler une notion de différence qui n’impliquerait pas que l’autre soit tenu pour déficitaire?
[1] Baudrillard Les stratégies fatales livre de poche Grasset 1983 P. 60
[2] « Alors qu’est-ce que j’ai inventé, moi ?… Je répondrai, comme ça, pour mettre les choses en train : l’objet petit a. C’est évident que je ne peux pas ajouter : l’objet petit a par exemple. Ça, ça se touche tout de suite. C’est pas entre autre que j’ai inventé l’objet petit a, entre autres machins, comme certains s’imaginent. Parce que l’objet petit a est solidaire, tout au moins au départ, du graphe. » C’est en ces termes que Lacan s’exprime le 9 avril 1974 à son séminaire Les non dupes errent.
[3] S FREUD introduction à la psychanalyse ED PAYOT 1961 P.398
Dates du séminaire : Jeudi 13 octobre 2022 à 20h30 – Philippe WOLOSZKO
Novembre : Jeudi 17 novembre 2022 à 20h30 à la libraire – Philippe WOLOSZKO
Décembre: Jeudi 15 décembre 2022 à 20h30 – Robert LEVY
Janvier 2022 : Jeudi 12 janvier 2023 à 20h30 – Emmanuelle CHATELAT
Février : Jeudi 9 février 2023 à 20h30 – Sylvie GOURY
Mars : Jeudi 16 mars 2023 à 20h30 – Anna KONRAD
Avril : Jeudi 13 avril 2023 à 20h30 – Philippe WOLOSZKO
Juin : Jeudi 15 juin 2023 à 20h30 – Radjou SOUNDARAMOURTY